lundi, 10 novembre 2008
Les hommes le 15 novembre 1947
Les hommes et vous titre ce numéro de ELLE du 15 novembre 1947. Le magazine, créé deux ans plus tôt, ne comprend alors que 24 pages. 5 mètres de tissus gratuits si votre exemplaire porte le cachet magique, signale la couverture. Pas de cachet magique sur l'exemplaire en ma possession...
La princesse Elisabeth, future reine d'Angleterre, se marie, et ELLE a dépêché un envoyé spécial à Londres. Une fenêtre depuis laquelle on verra passer le cortège y vaut 50.000 F (pour un ELLE à 15 F, soit 7666 € pour un ELLE à 2,30 €).
La robe de mariée sera blanche, lourde, à traîne brodée. Pèsera-t-elle autant qu'on l'a annoncé : 90 kilos (3 fois la charge maxima du soldat en campagne) ? Le voile de la reine Marie pèse déjà 15 kilos. ELLE précise encore que la princesse signera quatre fois avec la même plume d'or qui a servi il y a 24 ans à sa mère.
Les jeunes filles portent sur leur chapeau, dans deux médaillons en forme de coeur, les portraits de fiancés.
ELLE a mené une grande enquête pour déterminer comment les hommes vous aiment. Première des réponses, unanime, quand ils évoquent leur femme idéale : elle "porte du noir". 1.176 réponses positives et 24 réponses négatives.
Les hommes interrogés sont plus partagés quant au fait qu'une femme porte la frange (668 pour et 532 contre) ou qu'elle se décolore les cheveux (623 et 577).
Ils sont 998 (contre 202) à apprécier qu'elle lise des journaux féminins mais la proportion s'inverse quand on aborde le fait qu'elle puisse se mêler de politique (240 contre 960). Ne pas perdre de vue que le droit de vote des femmes en France a tout juste l'âge de ELLE : deux ans...
98 hommes sur 100 ont donc répondu Je l'aime en noir. ELLE propose donc à ses lectrices une série de patrons de robes à réaliser en noir, en velours de laine, en crêpe ou en taffetas.
Le noir exige de pousser le maquillage et de brosser les épaules de sa robe pour éviter la poussière.
Mouni, jeune fille de Paris, vous donne les clés du succès. Cette jeune fille de 20 ans est la coqueluche de Paris. Son père a divorcé 8 ans plus tôt, abandonnant ses huit enfants. Les trois frères aînés de Mouni sont entrés dans la lutte clandestine, deux ont été pris et déportés. La jeune fille est devenue mannequin pour Jeanne Lanvin, à 17 ans.
Mouni donne ses secrets de beauté. Elle possède deux tubes de rouge à lèvres, un pour la journée, l'autre pour le soir (elle dramatiseselon la nouvelle mode alors sa bouche ). Elle fabrique elle-même son masque de beauté à base de kaolin et dépose un peu de lotion maison à base de glycérine sur sa brosse à cheveux.
Telles qu'ils vous rêvent... En robes de Heim, Dior, Balenciaga, Balmain et Piguet.
On le subit, le vieux garçon, en 1947. On lui range ses petites affaires, on lui prépare de bon petits plats, on lui entretient même son matériel de rasage si on ne veut pas qu'il pique... La salle de bains pour tous est encore loin : Obligez-le à se laver la tête une fois par semaine; Pour cela préparez-lui 1 l d'eau savonneuse. Faites mousser. Versez l'eau savonneuse sur la tête en massant énergiquement. Faites deux applications et deux rinçages. Séchez à la serviette chaude et frictionnez le cuir chevelu à l'Eau de Cologne. A ce niveau, ce n'est plus un vieux garçon, le mari, c'est un petit garçon...
On se tricote soi-même un réveil en rose.
On bricole soi-même son manteau de fourrure : on coupe, on taille, on rajoute du tissu.
Ils n'aiment pas la monotonie ? Hop, à partir de deux robes, on obtient huit tenues grâce à la magie des basques.
Vivement lundi prochain !
11:57 Publié dans Ah, c'est ELLE... vintage ! | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : mode, elle, vintage | del.icio.us | Facebook
lundi, 03 novembre 2008
L'argent ne fait pas l'élégance le 13 septembre 1954
Soleil de septembre sur ce numéro de ELLE du 13 septembre 1954, qui a été adorablement chiné pour moi (ainsi qu'un autre, de décembre 1951) par Sunny Side, qui m'en a fait la surprise tout dernièrement. Je n'ai pas résisté, je me suis plongée dedans tout de suite, d'autant que cet argent qu ne fait pas l'élégance, par Hubert de Givenchy, résonne de manière actuelle avec notre présent empli de crise financière.
Honfleur : Henri Jeanson a invité Charles Boyer, Christian Jaque et Albert Valentin à passer le week-end dans sa propriété. Un week-end de travail. Un travail qui a été plutôt agité. Il s'agissait de reconstituer les dialogues du film "Nana" - scénario d'Albert Valentin d'après le roman de Zola - que Jeanson avait écrits et égarés dans la même semaine. Martine Carol interprétera Nana, elle portera 28 costumes dessinés et réalisés par Escoffier.
Marlène Dietrich a choisi chez les couturiers des tenues amincissantes tant par les tissus, les formes, que par la couleur : du noir presque toujours. Voici celles qu'elle a retenues chez Fath.
Un grand couturier livre ses secrets. Hubert de Givenchy est un grand garçon inspiré au visage enfantin, mais au talent autoritaire. Selon lui, L'élégance n'est ni une question de d'argent, ni une question d'âge : c'est une question de choix et le goût s'apprend. Plus vous vieillissez, plus vos vêtements doivent être simples. J'irai plus loin : lorsqu'une femme dépasse 35 ans, elle peut revenir au style de vêtements qu'elle portait lors de ses 20 ans.
Tous les gris sont jeunes, surtout s'ils s'accompagnent d'accessoires jaunes ou lilas, ajoute-t-il.
Et aussi : Une femme qui n'a pas la prétention d'être jolie, mais sait être élégante, est infiniment plus séduisante qu'une femme d'une grande beauté dont les vêtements sont négligés ou mal choisis.
Aux jeunes filles, l'écharpe qui s'envole et le vrai tailleur noir.
Aux femmes, les jupes plissées et la cravate de fourrure.
Pour sa mère encore si jeune (55 ans), Hubert de Givenchy imagine un vrai veston classique et une voilette.
Les manteaux rouges sont très à la mode. A gauche, un modèle en gros ottoman "tuyaux d'orgue" (Claude Rivière), à droite un pardessus droit en velours framboise (Balmain).
La redingote de midi, à gauche, est en lainage caviar gris bleu (Pierre Cardin). Le pardessus travail est en tweed gris et blanc, ouatiné en prévision de l'hiver (Manguin).
Les irrésistibles jouent la couleur, rouge vif pour Patou, framboise ou rose doux chez Fath.
La cure de raisin est-elle toujours à la mode ? Oui, répond Alice Chavanne, mais c'est plus qu'une mode. Il faut consulter son médecin avant de se lancer, conseille-t-elle. En cure massive, qui dure trois semaines ou six, on absorbera 2 à 3 kilos de raisin pressé par jour...
Véronique, Caroline et stéphanie ont 13, 10 et 6 ans.
Elles présentent les 18 tenues choisies pour elle par leur maman.
Les jolies chambres coquettes privilégient le rose chez les filles, le bleu chez les garçons, tiens donc !
Le Bon Magique a pensé à la rentrée : derbys, loden et blouson en mérinos et combinaison en popeline imperméabilisée doublée de duvetine rouge à pois bleus.
Les petits garçons aiment les vêtements simples, confortables et très masculins. Vareuse raglan, pardessus raglan comme Papa, costume de flanelle, pardessus en poil de chameau et ciré en toile huilée composent leur vestiaire.
Les bébés coussins font les maisons gaies, ils sont à broder avec du lacet superfin d'Alsace de DMC.
Vivement lundi prochain !
PS : pour qui n'aurait pas vu le double édit de mon précédent post, je rappelle que ma robe Dries Van Noten m'a valu la seconde place du concours de fringues fétiches de Galliane et que mes Wayfarer et moi, on se la pète chez Violette, à vous de nous localiser dans le tableau de 30 bigleux.
13:47 Publié dans Ah, c'est ELLE... vintage ! | Lien permanent | Commentaires (31) | Tags : mode, elle, vintage, dries van noten, wayfarer | del.icio.us | Facebook
lundi, 27 octobre 2008
Shopping le 29 octobre 1973
Ce numéro de ELLE du 29 octobre 1973 est si riche que je reviendrai dans la semaine sur l'aspect "spécial beauté" et les cours de maquillage façon seventies. Peau de lapin retournée et col flamme en vison (F. Caster pour Dior), assortie d'une cloche péruvienne (le Serpent à plumes) sur la couv. Les pelisses sont à l'honneur.
A l'heure de la tournée des grands ducs, Paris se travestit titre ELLE. De l'Alcazar à chez Michou, les fantaisistes musclés se transforment en créatures de rêves. Laurent devient Marilyn ; Jacques, Zizi Jeanmaire ; Jean-Pierre, Barbara et Pierre est Sheila.
Mireille Darc est domptée et heureuse à mourir. Elle est l'héroïne du nouveau film de Georges Lautner La Valise. Ce qui compte le plus pour elle ? L'être avec qui elle vit. Alain Delon.
Au temps du vaisseau spatial, il est impossible de se servir des mêmes mathématiques qu'au temps des diligences. La légende de la photo précise que pour un enfant de trois ans "un ensemble d'éléments" c'est limpide.
150 boutiques sur 80.000 mètres carrés, c'est le shopping nouvelle manière. On peut tout acheter à Vélizy (et quatre fois par semaine jusqu'à 22 h !). Le centre commercial a été inauguré en mars 1972. ELLE est allé enquêter sur ces nouveaux modes de consommation. Henriette D. n'y vient pas le samedi lorsque ça devient le comble de l'horreur mais regrette de ne pas trouver sa taille dans les petites boutiques qui s'arrêtent au 40 et visent une clientèle jeune. Francine L, étudiante se promène à Paris mais achète ses vêtements à Vélizy. Les indécises et les expéditives voient ainsi rétrécir le champ de leur indécision.
On flâne au marché. Sophie et Pierre choisissent des poissons à l'étal de l'Hippocampe.
On boit un verre entre amis, parce que c'est l'un des plaisirs de Vélizy, les escales dans une ambiance calme. Le gilet écru torsadé est pile comme celui que je voudrais trouver.
Inutile d'aller à Paris : le cinéma de Vélizy suit l'actualité (on y jouait le dernier film de Delon lors du reportage).
Nicolas en coordonnés - pull en shetland, pantalon en tweed - s'initie au montage des raquettes à la boutique Team Os. Voilà qui éveille chez moi de lointains souvenirs : qu'est-ce qui grattait le plus, du shetland ou du tweed ?
Légères et parfois réversibles, les pelisses connaissent un regain d'actualité.
Les pelisses sportives sont coupées dans un tissu rustique et sont les pièces maîtresses d'une garde-robe de week-end.
Le Bon Magique est un équipement sportif pour les premiers froids (twin-set en lambswool, jupe, canadienne, bonnet et gants tricotés. La carabine n'est pas fournie. 225 F la canadienne pour un ELLE à 3 F (soit 172,50 € pour un ELLE à 2,30 €).
Neuf bijoux oeuvre d'art : ils sont signés par les plus grand sculpteurs.
Ces bijoux très indiscrets sont destinés aux collectionneurs, collectionneuses et aux audacieuses un peu croqueuses de diamants. La ceinture glycine en or pâle est signée Claude Lalanne.
Pas de tabous ! Oui, on peut emmener sa fille de 13 ans chez le gynéco pour vérifier que tout va bien.
La maison de la styliste Popy Moreni est très italienne. Elle y vit avec Fred, son mari graphiste, et leur fille Amour.
Avec en prime une petite touche Art Déco.
Vivement lundi prochain !
15:34 Publié dans Ah, c'est ELLE... vintage ! | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : mode, elle, vintage | del.icio.us | Facebook
lundi, 20 octobre 2008
Avant/après le 20 octobre 1977
Le plus féminin des accessoires, c'est le gilet volé aux hommes affiche la couv' de ce ELLE du 20 octobre 1977. Une couv 'tout en Kenzo pour Jap' très emblématique de cet art du mélande qui a fait le succès de Kenzo.
Julien Clerc se recycle au cinéma. La chanson c'est un métier où je suis constamment responsable de tout. Sur un tournage, je m'en remets entièrement au metteur en scène. Qui est, en l'occurrence Jean-Pierre Blanc,, sous la direction duquel Julien Clerc vient de tourner D'amour et d'eau fraîche.
L'automne est arrivé à Saint-Germain, on a sorti ses bottes dont le talon descend et ses sacs, tous ses sacs, cabas, pochettes, paniers. ELLE a croqué la rue et ça donne de la laine à perte de vue, côté masculin comme côté féminin.
Les reliefs ont la côte, particulièrement la maille irlandaise.
Série mode à la campagne sur celles qui préfèrent le cuir, ce cuir aussi léger qu'un duvet, robuste autant qu'une 2 CV mais somptueux comme le Ritz, qui durera aussi longtemps et vieillira aussi bien.
Le Bon Magique se compose d'une veste en mouton lustré extra-souple à col rond incrusté, à bords francs (à droite), 795 F pour un ELLE à 4,50 F (soit 406,33 €).
Le gilet de cuir à empiècement de coton est signé Caselbajac et se porte sur une chemise à carreaux.
A gauche, le grand manteau à capuche en chèvre poilue est signé Thierry Mugler pour Brézin, le trench en veau glacé, à droite, est doublé de cuir et signé G. Comiti pour Dama.
Le gilet est l'arme secrète de cet hiver et s'étale sur une double page, en hauteur.
Le trappeur en lapin marron rappelle furieusement le cas du gilet de fourrure de notre automne 2008.
Stylistes et fabricants se sont passionnés pour le papier reliure. Jusqu'à en avoir mal aux yeux.
Oui vous pouvez être plus belle. ELLE a inauguré cette rubrique à la fin de l'hiver précédent et a reçu près de 1.000 lettres et plus de 2.000 coups de téléphone de lectrices désirant être transformée par le maquillage ou la coiffure. A l'exemple d'Arja, finlandaise de 20 ans, mannequin, à l arcade sourcilière trop lourde.
Dominique N. avait le visage et les cheveux en friche, la voici transformée.
Fançoise T. à gauche a échangé sa permanente à l'ancienne pour une mini permanente esur les pointes. Diana D., à droite, a renoncé aux anglaises démodées et au rouge à lèvres trop blanc pour un chignon à la Forsythe. Les candidatures ont afflué de France, du Canada, d'Angleterre, des Etats-Unis...
Le mascara ne se pose pas n'importe comment.
Petite leçon illustrée.
Puisque le gilet à la cote, on le taille soi-même d'après un modèle de Michel Klein.
Eux aussi, ils se cherchent ! Bruno, coiffeur chez Jacques Dessange est passé par toutes les humeurs. Et toutes les longueurs. Il ouvre son propre salon 15, rue des Saint-Pères.
Au dos du magazine, une fiche tricot qui propose de réaliser son gilet de berger.
Vivement lundi prochain !
11:49 Publié dans Ah, c'est ELLE... vintage ! | Lien permanent | Commentaires (25) | Tags : mode, elle, vintage | del.icio.us | Facebook