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samedi, 23 janvier 2010

Ca (se) passait chez Pivot, il y a 30 ans...

Pivot.jpgMon billet d'hier, c'était prévisible, n'a pas manqué de susciter des réactions. Parmi elles, celles de Benetie a ravivé en moi un souvenir que j'évalue comme datant de la fin des années 70.

J'étais alors ado et chaque vendredi, je regardais Apostrophes, qui avait entre autres la grande qualité de me faire patienter jusqu'au Ciné-Club - le programme suivant, à qui je dois la découverte d'un nombre incalculable de films, et pas des moindres, notamment celui dont j'ai tiré mon pseudo de Frieda l'écuyère : Freaks, de Tod Brownings.

Bref. Que disait donc Benetie ?

Je suis née dans les 70's, j'étais trop petite pour me rappeler de quoi que ce soit, mais je n'ai guère le souvenir qu'on trouvait normal des mecs qui se camaient et s'envoyaient des gamines dans les soirées privées...

Suite à ce comm', je me suis donc souvenue d'une émission d'Apostrophes. Gabriel Matzneff était du nombre des invités. En faisant des recherches sur Dailymotion et Youtube il est clairement apparu que cet écrivain qu'on n'hésite plus désormais à qualifier de pédophile est très souvent (et aujourd'hui, on dirait très complaisamment),  revenu, dans les émissions de Bernard Pivot mais pas seulement, sur son amour des très jeunes filles, voire des jeunes garçons. Et guère platonique, cet amour. Il avait donc tenu lors de cette émission, me soutenait ma mémoire, un discours tout à fait comparable à celui qu'il a toujours proféré, considérant à longueur d'antenne rendre service à ces enfants puisqu"il s'agissait, répétait-il à l'envi, "d'amour".

Du haut de mes 15-16 ans d'alors, je me souviens en être restée sidérée. Pas du fait que Pivot ni quiconque, à écouter Matzneff, ne semble véritablement ébranlé. C'est aujourd'hui, que cela sidère.

Non, sidérée que des filles de mon âge et même moins puissent soi-disant être attirées d'elles-mêmes par un beau parleur pas si beau de 30 ans de plus qu'elles. Alors même que perso, je ne pouvais envisager de compagnon de jeu s'éloignant peu ou prou de l'âge que j'avais moi-même. Oui, je préférais sans doute aucun les petits cons boutonneux à ceux que la société télévisuelle de l'époque considérait comme des écrivains recommandables.


En faisant quelques recherches, je n'ai pas retrouvé l'émission que je pense avoir vue vers 1978-80 mais je suis tombée sur ce montage vidéo, alternant des extraits d'un numéro d'Apostrophes de 1975, où Matzneff était invité pour son ouvrage intitulé Les moins de 16 ans, et d'un autre numéro d'Apostrophes, de 1982, au cours duquel Daniel Cohn-Bendit profère des énormités, lesquelles ont ressurgi à l'occasion de la campagne des européennes, l'année dernière. Que dire, si ce n'est que cette vidéo est accablante, ébouriffante, qu'il semble aujourd'hui invraisemblable que de tels propos aient ainsi été tenus à la télévision à une heure de grande audience, dans une émission dite intellectuelle mais également très populaire, et ce en toute désinvolture, sans plus de rebondissements. La révolution sexuelle a été le prétexte a un certain nombre de débordements, reconnus comme tels depuis par Daniel Cohn-Bendit, mais jamais par Matzneff.

Attention, âmes sensibles, au visionnage, risque de nausées.

Tu vois Béné, il suffit de visionner cette vidéo pour se rendre compte à quel point, dans les années 70, "s'envoyer des gamines dans des soirées privées" était considéré comme bien davantage "normal" qu'aujourd'hui. Au sein d'une prétendue élite intellectuelle, tout au moins. Le contexte de l'affaire Polanski (la seconde, la première concernait la disparition tragique de son épouse Sharon Tate), c'était bel et bien celui-là.

Cela n'excuse rien. Je l'ai dit, je le redis, je n'ai pas pour objectif de prendre la défense de Roman Polanski. La justice fera de lui ce qu'elle estimera devoir faire. On comprend peut-être simplement mieux, en se replongeant dans le contexte d'il y a 30 ans, pourquoi tant d'années se sont écoulées avant que le cinéaste soit finalement incarcéré.

Reste que le fait qu'une époque préfère avoir la mémoire courte ne me semblera jamais de bon augure. Et ce, qu'il puisse s'agir de la Shoah ou des moeurs un peu trop libres des pas si lointaines seventies...

PS : les commentaires demeurent modérés, je n'ai guère l'intention de passer le week-end à y faire la police et préfère ainsi anticiper tout dérapage. Le débat demeure cependant ouvert, dans le respect des opinions de chacun. Et dès lundi, évidemment, retour du ELLE vintage.

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Commentaires

toi tu as lu l'itw de la femme de Polanski dans le Elle de cette semaine...
je suis d'accord avec toi

Écrit par : mrsclooney | samedi, 23 janvier 2010

Mrsclooney : oui, oui, c'était le point de départ ! Le contexte, le fameux contexte...

Écrit par : frieda l'écuyère | samedi, 23 janvier 2010

Oui, le contexte... C'est pareil pour la photo de Brook Schield, sortie du contexte de l'époque, je comprends que certains soient choqués... Ce qui serait certes aujourd'hui choquant, serait de refaire une telle photo avec une lolita du même âge ^^
Pour Pivot (je trouvais ça chiant et avais hâte que ça finisse, que je puisse voir mon film, hormis qques grands moments TV ^^), j'étais trop jeune pour interpréter de tels discours dans les 70's, je ne me souviens même pas de Matzneff, mais comme tu le rappelais les enfants étaient souvent adonnés par leur parent à la nudité, probablement sans arrière pensée ?!
Tout prend des proportions considérables et parfois j'observe un puritanisme tout aussi malsain, et pour m'en convaincre, il a suffit juste que j'observe avec mes yeux d'européenne les grandes contradictions que l'on retrouve dans la société américaine...

Écrit par : marigaz | samedi, 23 janvier 2010

la vache... remuant ces extraits! effectivement j'hallucine de voir pivot dans ce merdier!

Écrit par : flou | samedi, 23 janvier 2010

le message est parfaitement clair.
Je te laisse, je vais vomir.

Écrit par : benetie | samedi, 23 janvier 2010

D'abord merci Frieda d'avoir écrit ces deux notes, ma mère m'avait parlé quand j'étais ado de cet ecrivain, parce qu'elle voulait me mettre en garde. Je me souviens avoir été choquée et en voyant l'émission, je comprends qu'elle m'en ait parlé. Ce qui me choque le plus, je pense, c'est le discours intellectuel, faussement "rousseau-iste" pour expliquer voire justifier ces comportements. Et puis, toujours ce point de vue de l'adulte, où sont les paroles enfantines ou adolescentes ?
Après je pense aussi qu'on vit dans une société hypersexualisée, où les enfants, surtout les filles j'ai l'impression, ressemblent trop vite à des femmes en miniature : j'avais vu des strings taille 4 ans chez Tammy (Etam) et j'étais restée stochée, encore en voyant une mère les acheter à sa petite fille. Idem, toutes les britney spears et autres, qui renvoient des images très sexuelles à un public jeune.

Écrit par : MH | samedi, 23 janvier 2010

Pourquoi tant d'années se sont écoulés avant que Polanski soit incarcéré? parce que la France n'extrade pas ses citoyens et que Polanski planifiait très bien ses déplacements et évitait les pays "à risque" comme la Grande Bretagne où il n'a pas mis les pieds depuis son procès.
Mais bon, tout ça n'a pas l'air de choquer le gouvernement Sarkozy, Polanski y est défendu, et même qu'un adepte du tourisme sexuel y est ministre de la culture.

Écrit par : M1 | samedi, 23 janvier 2010

Je viens de me prendre une sacrée gifle avec cet extrait. A la fin des années 70 j'avais moins de 10 ans et donc à dix mille lieux de tout ça (heureusement d'ailleurs). Je reste sans voix de découvrir tous ces intellectuels vomir autant d'insanités, avec Pivot au milieu de tout cela qui garde le sourire, j'avais l'impression de regarder une fiction. Du coup, je me demande comment à l'époque, une telle émission a été prise par le grand public ? Est-ce qu'il y a eu des réactions, lesquelles, comment ?

Écrit par : CECILE | samedi, 23 janvier 2010

Tout cela me laisse perplexe ... J'ai bien compris que tu ne cautionnais pas les faits reprochés à Polanski mais si j'osais la comparaison (et je l'ose), tout cela me fait curieusement penser à Eichmann à Jérusalem. Le rapport ? H Arendt montre très bien comment Eichmann a fait de sa ligne de défense les : c'était le contexte, c'était la guerre, c'était les ordres ... Et je trouve qu'on peut parfaitement transposer ça aux années 70 : c'était le contexte, c'était la liberté sexuelle, j'étais sous l'emprise de la drogue ... Personnellement, je ne trouve aucune justification à ce type d'acte (là je parle des abus sexuels sur mineurs), même dans le contexte de l'époque (d'ailleurs, on sent dans les extraits, malgré toute l'intellectualisation dont ils font preuve, comment ils rament pour trouver une justification).
Je suis régulièrement confrontée aux témoignages de victimes de viols (mineur ou majeur) et malgré le fait que certaines se reconstruisent, certes, il y a toujours une énorme brisure en elles (et bien souvent d'ailleurs, elles ne veulent pas de procès, par honte).
Alors oui, notre société actuelle a les défauts de ses qualités : trop de puritanisme (malgré une ambiance sexuelle bien présente), une réification de l'enfant et de sa parole mais j'avoue que je préfère ça à cette émission télé où même les détracteurs des actes de pédophilie ne sont pas très véhéments ni ne paraissent choqués.

Écrit par : lilibulle | samedi, 23 janvier 2010

J'ai eu peur de visionner la vidéo puis finalement, je l'ai regardée...
J'étais aussi ado à la fin des 70's mais rien de tout cela ne m'est parvenu...
Toujours est-il que j'ai vu un reportage il y a qq années sur le fils Hausmann (fils de la célèbre décoratrice) qui racontait son enfer dans la drogue et accessoirement sa vie "familiale"... ses parents jamais présents, il avait à disposition de l'argent pour aller se chercher de quoi se nourrir chez l'épicier du coin, sinon rien à manger (déjà à 5-6 ans), il dormait dans la cage d'escalier (personne ne s'inquiétait de son absence), les "super" fêtes dans l'appartement de ses parents où un copain de son père lui a fait sa première ligne de coke à l'âge de 10-11 ans, bref...
Pour revenir sur la vidéo, ce qui est dangereux, c'est le laxisme ambiant concernant la pédophilie de cette époque et ce qui m'a rassurée (un peu) c'est le discours de cette dame qui parle (enfin) de la dignité des enfants...
Ce qui m'interpelle, c'est qu'il soit possible de penser un truc dément et que ce soit anodin et approuvé par tout le monde... j'essaie de transposer en 2010... notre époque a également ses bugs...
En tout cas, j'ai rencontré professionnellement des adultes, anciens enfants abusés... beaucoup de vies détruites et de gâchis... les abuseurs sont des criminels.
On a de la chance de vivre dans un pays de libertés mais la liberté des uns doit s'arrêter où commence celle des autres.

Écrit par : sda | samedi, 23 janvier 2010

Ecoeurants ces connards pervers ; il n'y a que la femme qui dit des choses sensées. heureusement que les choses ont un peu évolué! Grâce à certaines personnes qui s'en sont pris plein la figure comme la pédopsychiatre C. Bonnet (cf son livre "L'enfant cassé", pour celles que ça intéresse) Je ne pensais pas que de telles conneries avaient été dites à cette époque, j'avais 8 ans en 1975...

Écrit par : sylvie | samedi, 23 janvier 2010

@Mariga(z) : concernant la société américaine, je ne suis pas loin de penser que les faits reprochés à Polanski ont pu être pris à la légère, au départ, de ce côté-ci de l'Atlantique, justement en raison de leur réputation de puritanisme.
@Flou : à regarder cette vidéo, je me suis rendu compte que c'était bien plus accablant que le souvenir que j'en avais...
@Béné : mille pardons, hein, mais voilà...
@MH : la parole des enfants ne comptait pas. Pas encore. C'est vrai qu'il y a un côté rousseauiste, une justification en bois qui passait comme une lettre à la poste. Et sur la sexualisation précoce, je te rejoins aussi : aujourd'hui, les pompes à talons d'une Surie Cruise de même pas 4 ans, sa peluche dans les bras, c'est pas obscène, ça ?

http://www.peopleclub.fr/images/stars/suri-cruise-talons-hauts.jpg

Je trouve notre époque bien mal placée pour aller donner des leçons au passé, on a fait des progrès sur un plan pour régresser sur un autre.
@M1 : Polanski est sorti de France, est allé en Suisse bien avant la fin 2009, ce n'est pas pour ça, que tant d'années se sont écoulées. C'est notamment parce que le viol, en France, dans les seventies, n'était de toutes façons pas pris vraiment au sérieux, ni dans le cas des mineurs, ni dans celui des majeurs.
Et je me répète, mais Polanski en cavale, inaccessible et aussi insaisissable qu'un Mesrine, qui peut encore y croire ?
@CECILE : je me doutais, que ce serait un choc, pour des plus jeunes que moi. Ce côté discussion de salon, entre gens de bonne compagnie, aujourd'hui, ça semble une fiction, en effet. Je n'ai pas le souvenir que ça aie créé le débat. Les temps étaient en mutation, il y a ceux qui accompagnaient le mouvement (les "progressistes"), et ceux qui freinaient (les "réacs"), et pas beaucoup de sens de la mesure, peut-être.
@Lilibulle : ta comparaison est intéressante. J'imagine que la brèche était possible justement parce que le viol n'avait jamais été reconnu auparavant comme véritable crime, parce que les victimes étaient encore accusées d'avoir provoqué leur agresseur. Et dans le cas des mineurs, il faut se souvenir aussi que jusque dans les années 60, les bébés étaient à peine mieux considérés que comme simple tube digestif. Les enfants, on décidait à leur place depuis des temps immémoriaux. La pédophilie n'est pas née avec les 70's, mais elle était jusque-là cachée, comme l'était la sexualité en général. Avant d'être étalée au grand jour par un Matzneff, elle était soigneusement dissimulée, elle était niée. Si, aujourd'hui, il en va autrement, on le doit à 68 et à la révolution sexuelle. Ces débordements-là, ceux de Matzneff et consorts, ne doivent pas faire oublier que la société a bougé, et en bien, notamment pour les femmes et les enfants, trop longtemps citoyens de seconde zone...

Écrit par : frieda l'écuyère | samedi, 23 janvier 2010

@Sda : Putman, non ? J'ai vu le même reportage. J'ai tenu à parler du contexte, non pour excuser, donc, mais parce que ça permet de comprendre pourquoi beaucoup, à cette époque, ont été coupables d'aveuglement, ou, à tout le moins, comme le reconnaît Cohn-Bendit, se sont trompés. On n'entend pas beaucoup les femmes, d'ailleurs, dans ce débat, à l'exception de celle que tu évoques et qui ne va d'ailleurs pas dans le même sens...
@Sylvie : je me rends compte, grâce à Béné, que quelques années de différence suffisent à transformer la perception que nous avons eue du cours des choses. Comme quoi cette période riche en bouleversements a été très courte, de 68 à l'arrivée du sida, soit à peine 15 ans...

Écrit par : frieda l'écuyère | samedi, 23 janvier 2010

Et bien, je te dis un grand merci pour ces deux derniers billets. Merci d'essayer de nous expliquer une époque où je n'étais pas.

Je trouve que les choses changent vite.

Il paraît qu'à une époque, il y avait des mini-jupes à Kaboul.

Écrit par : CaroleenD | samedi, 23 janvier 2010

Et bien je pense qu'il vaut mieux que je ne donne pas mon avis. Il y a des sujets sur lesquels je ne parviens pas à m'exprimer tellement ça me prend aux tripes.

Quoi qu'il en soit, je voulais quand même te féliciter d'oser ouvrir un tel débat. Tu me fais découvrir des points de vue dont je n'avais pas idée... et qui me laissent sans voix!

On a bien besoin de filles courageuses comme toi ;)

Écrit par : Emiiiiiii | dimanche, 24 janvier 2010

Je ne puis regarder cette vidéo jusqu'au bout ! Sous des manières de pseudo intellos (de merde!) ils essaient de passer sous couvert leurs déviances mentales. A l'époque (et bien avant) des enfants ont été violés et jamais entendus... Dans le charmant village où je vis et que tu connais, un artiste a osé écrire ce qui s'était passé dans les années 70 avec un pr^tre (pr^tre non pas relevé de ses fonctions mais déplacé). La maman qui a osé dénoncé ce cas a subi l'opprobre, la dizaine d'enfant qui a osé parlé a été traumatisée. Ce livre je n'en parlerais pas, je connais bien l'auteur et il te raconterais volontiers les déviances qui ont découlé de ces moments. car, double culpabilité : celle de faire quelque chose de mal et celle d'y prendre du plaisir... Bref, j'ai la nausée... et du coup, je me répète je comrpends mieux ceraines réactions de mes parents à la fin des années 70.

Écrit par : sarah babille | dimanche, 24 janvier 2010

Je peux te dire qu'en tant que soixante-dix-tarde, je me souviens de ce douteux personnage et je le trouvais déjà dégoutant à l'époque.
Et en tant qu'ancienne lycéenne je me souviens aussi de messieurs de 40/45 ans qui tournaient autour de mes copines de 15/16, flattées d'intéresser ces messieurs d'âge mur.
Et je trouvais aussi ça dégueu.
Les messieurs qui aiment les petites filles ou les petits garçons ça a toujours existé. Juste aujourd'hui, et heureusement, on en parle et on accepte plus.
Une raison de plus de dire qu'avant, contrairement à ce que beaucoup de gens croient, c'était pas "mieux".

Écrit par : emanu124 | dimanche, 24 janvier 2010

bonjour frieda, bien que je ne poste jamais sur ton site, je le lis régulièrement et l'apprécie beaucoup.

"Au sein d'une prétendue élite intellectuelle, tout au moins" - je pense effectivement que ce genre d'attitudes était très répandue à cette époque dans certains milieux. michel foucault, qui est encore vénéré aujourd'hui dans l'académie, tenait tout à fait le même genre de discours (quand il ne s'enthousiasmait pas pour la révolution iranienne, mais c'est une autre histoire). reste que la vidéo est écœurante...

et puisque je poste après sarah: en 73, le goncourt est allé à l'ogre de jacques chessex...

Écrit par : klava | dimanche, 24 janvier 2010

J'ai écouté cette vidéo jusqu'au bout malgré son côté insupportable... En 75, j'avais 18 ans... mais pas de télé chez mes parents très catholiques et pas d'émission venant de France à l'époque pour eux qui l'avaient. Alors je découvre.
Cet homme a un regard, un visage "à fesser dedans" comme on dit ici... Un envie irrépressible de le frapper ! Inacceptable, injustifiable... Parler d'amour entre un(e)jeune ado et un mec de 30 ans, je refuse... C'est pas de l'amour, c'est de l'abus!
J'ai été une sorte objet de convoitise pour un oncle,copain de la plus jeune soeur de mon père, pendant quelques années; il a 15 ans de plus que moi, il en avait donc 30... Il était plutôt fâché contre moi quand j'ai eu un petit copain, me disant qu'il aurait dû/voulu être le "premier homme" dans ma vie.
C'était une sorte de jeu de séduction, sensation bizarre, mélange de fascination et d'envie de fuir devant les belles paroles, les compliments chaleureux, ses yeux très noirs qui me fixaient, j'ai jamais su démêler... J'étais fière de l'importance qu'il n'accordait qu'à moi et non à mes autres soeurs et en même temps, je crois que j'avais la tête assez forte et une crainte bien placée pour ne pas céder à ses idées, ses envies... Il aimait partager des connaissances qui m'intéressaient, cela m'attirait mais...c'est là le hic. C'est pas de l'amour que j'éprouvais pour lui, comme aurait pu le croire cet auteur à la con de Matzneff. Il y a une realtion de pouvoir, de subjugation, je sais pas trouver les bons mots, je pourrais même dire, manipulation. On se sent entourée, importante, accueillie de manière spéciale, difficile de ne pas se laisser prendre au jeu...
Je n'ai pas de mauvais souvenir de ces rencontres, mais quand on a de rares occasions de se voir, je sais que je suis encore sa favorite...

Écrit par : Esther | lundi, 25 janvier 2010

Je me souviens très bien de ce climat. Je trouve cette complaisance à vomir mais je partage ton avis, l'époque actuelle ne me paraît pas vraiment etre en position de donner des leçons. On dit que l'homme apprend de ses erreurs. J'imagine que ça veut dire qu'il apprend aussi à en commettre d'autres.
Je me souviens aussi très bien du Ciné-club qui a été le fondement de ma culture cinématographique et reste un de mes très bons souvenirs d'adolescence.

Écrit par : Cat | lundi, 25 janvier 2010

J'ai encore vu Gabriel Matzneff sur Paris Première il y a 2 ou 3ans dans une émission en prime time. je suis très partagée au sujet de cet écrivain, que j'admire comme tel, mais qui a une vision de l'érotisme que je ne partage pas du tout. Ils sont nombreux comme lui, et si la lecture de Montherlant, Gide, Peyrefitte, Duvert ou Nabokov ne m'a jamais traumatisé, il est clair que cela pose des questions sur l'érotisation de l'enfant vécue comme tout à fait moral.

Écrit par : Océane | lundi, 25 janvier 2010

Joli coup ma Frifri !!! J'étais une fan de Pivot (eh oui ... on en se refait pas ...) et je me souviens très (très) bien de M. Matzneff (en 82, j'avais 13 ans et je me souviens bien des commentaires de ma mère). Je me demandais si quelqu'un aurait la mémoire et le culot (?!) de les ressortir, affaire Polanski ou pas. Un vrai problème ça, la mémoire ...
C'est un sacré débat que tu mènes là ... Oui, l'art est sans doute subversif. Mais l'art n'est pas la vie, et il y a peut-être plusieurs sortes de subversions. L'Origine du monde Courbet avait beaucoup choqué en son temps, mais il y est question d'une femme adulte (cf ton billet poilant). La subversion de ce tableau n'a duré que le temps de l'évolution de la (notre ?) société vers plus d'honnêteté et moins d'hypocrisie. Pour la photo de Brooke, on touche à autre chose que l'on pourrait qualifier de quoi ... d'universel ?!. Mais comment pourrait-on juger d'une subversion saine et d'une subversion malsaine dans un monde qui semble prôner la relativité des valeurs ? Et en même temps, les choses "avancent" (cf les lois contre le tourisme sexuel qui visent bien à interdire ailleurs ce que l'on autorise pas chez nous). Mais là aussi, d'aucun dirait qu'il est parfois difficile de savoir dans quel sens est le progrès (cf les strings pour les pré-ados). Bref, il y a beaucoup à dire sur ces sujets.
Bon, c'est pas tout ça, mais c'est quand que tu écrit dans Elle. Je trouve qu'il leur manque quelqu'un comme toi ...

Écrit par : C | lundi, 25 janvier 2010

@CaroleenD : et pas de débat sur la burqa, non plus, à cette époque-là.
@Emiiiii : eh bien, merci !
@Sarah : tout était planqué, jusqu'aux 70. On en revient aux comm's ci-dessus.
@Manu : et on la doit à 68, cette prise de conscience et cette évolution.
@Klava : merci d'être sortie de l'ombre ! :)
@Esther : on ne l'a pas encore dit, mais les pères incestueux ont le même genre de justification que Matzneff. Ton témoignage me le rappelle.
@Cat : et hop, un point commun supplémentaire ! :)
@Océane : c'est toute la délicate question du passage à l'acte vs le fantasme, de la réalité vs la fiction, qui est posé... Si on bascule du côté du puritanisme, il n'y a plus de Lolita qui tienne.

Écrit par : frieda l'écuyère | lundi, 25 janvier 2010

Très intéressant tout ça - et une preuve de plus que les "blogs de fille" ne sont pas que futilités, merci !
Ce qui me choque pas mal dans cette émission, c'est que l'idée que les gamins "draguent" l'adulte ne soit jamais remise en cause. Quand je repense à mon enfance et à mon adolescence, je me souviens avoir cherché à plaire à des adultes que j'admirais - mais "plaire" dans le sens d'obtenir leur approbation, de leur donner envie de passer du temps avec moi, de me sentir appréciée en fait : ça n'avait rien à voir avec la sexualité ! Heureusement que les personnes en question n'étaient pas aveuglées par leurs propres fantasmes, qui auraient pu les conduire à interpréter ça comme de la "drague"... Je crois que les enfants et jeunes ados sont en effet plus "purs" (pour reprendre le mot de la dame de l'émission) qu'on ne le croyait à l'époque où on les imaginait dragueurs, et qu'on ne le croit aujourd'hui où on les pousse à la sexualisation précoce d'une autre manière (les bikinis sur les seins inexistants des fillettes de deux ans, par exemple). Ils jouent au sexe comme ils jouent à la guerre : pour apprivoiser l'idée et sans aucune envie réelle de passer du jeu à l'acte.

Écrit par : Stella | lundi, 25 janvier 2010

Oui, tu as raison, il s'agit de la famille Putman.
En tout cas, ce type de négligence s'apparente à de la maltraitance...

Je voudrais quand même "auto-modérer" mes propos du post précédent... écrits dans la minute qui a suivi la vidéo... en effet, j'ai écrit "les abuseurs sont des criminels", ce que je pense toujours mais une grande partie des personnes "perverses" ont elles même été victimes d'abus durant leur enfance... ce qui ne les excuse pas mais permet d'éviter de les juger hâtivement...

D'autant plus qu'une vision autre de la chose est de considérer le profil "psy" des personnes qui vont utiliser n'importe quel prétexte pour assouvir leur(s) pulsions(s) : autrement dit, je suis "pervers" mais c'est enfoui au fond de "moi", je profite du contexte social, de la liberté ambiante, de ma consommation de drogues pour vivre ma "déstructuration intérieure" comme je l'entend (ni vu, ni connu)... à un autre niveau, certains "gourous" de sectes ont pu faire de même...

Rien à voir (ou si) mais je lis Marie Claire depuis plus de 20 ans et je trouve qu'on y croise des sujets profonds au milieu d'autres futiles (mais qui font du bien)

Alors merci pour cette conversation à la Marie Claire !!!

Écrit par : sda | lundi, 25 janvier 2010

Merci pour cet article frieda Tout a été dit, nous devons avoir sensiblement le même age et une perception similaire des évenements (le recul de l'age ^^)

et puis, pour changer de sujet, puisque tout a été dit et bien dit, tu ne peux pas savoir ma joie en découvrant, enfin, une personne qui ait également vu et adoré Freaks ^^ (depuis je n'ai jamais osé le regarder à nouveau, à cause de l'image finale)=)

Écrit par : Puce | mardi, 26 janvier 2010

@C : merci, dis, mais l'écriture sur un blog ne peut pas être celle de ELLE. C'est ce en quoi les blogs demeurent précieux, malgré certaines dérives.
@Stella : d'ailleurs, on en était toujours à cette idée, chez les enfants comme les adultes, d'accuser les victimes d'avoir "provoqué" leur agression.
@Sda : c'est vrai que Marie Claire traite souvent de ce genre de sujet. Quitte à plomber un peu ses premières pages.
@Puce : merci pour ton comm' ! Je suis moi aussi ravie d'accueillir quelqu'un pour qui ce film est une référence !

Écrit par : frieda l'écuyère | mercredi, 27 janvier 2010

Mais ... l'un n'empêche pas l'autre ma jolie ;o)))

Écrit par : C | jeudi, 28 janvier 2010

J'ai vu cette émission lors de sa première diffusion. Je n'en revenais pas. Je n'ai pas compris pourquoi la police n'est pas venue arrêter Mazneff sur le plateau. Il avouait tout. Il revendiquait tout.

Il est passé à La Gande Librairie sur la 5. C'est rediffusé au moment où j'écris ces lignes. Abject.

Y.

Écrit par : de Lombaerde | lundi, 02 mars 2015

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