vendredi, 13 août 2010
Vous reprendrez bien un peu de poncifs ?

Elle est plutôt jolie, Aliette Abécassis. On n'a pas envie de lui faire de peine.
On aurait même peut-être envie de lire ses livres.
Voire de les ACHETER.
Pour ma part, j'en ai payé un, une fois.
Et je ne suis pas près de recommencer.
J'y ai repensé cet aprème en découvrant le ELLE tout frais sorti.
"Quoi de neuf ?" nous dit la couv', en très gros caractères.
Elle nous dit aussi qu'Eliette Abécassis publie un livre "sans tabous" sur le divorce.
Sans tabous je sais pas. Mais à lire l'interview menée par Marie-Françoise Colombani, sans clichés, certainement pas.
Monsieur trompe Madame. Le vilain. Et, non content, surfe sur des sites pornos. C'est pas beau.
Histoire de dire que le divorce, hein, était pour le moins inévitable. Et que les mecs sont des salauds ? Après tout, un peu de démagogie à l'usage de ces dames ne peut pas faire de mal ? Parce que m'étonnerait qu'il soit tellement masculin, le lectorat d'Eliette.
Mais dans quel monde vit-elle ?
Malgré le féminisme (arrrgh, déjà, que j'aime comment commence cette phrase), les mythes fondateurs persistent. Les femmes veulent toujours se marier avec une belle robe blanche écrivez-vous. N'est-ce pas exagéré (merci, Marie-Françoise !) puisque, au fil des années, les chiffres du mariage se sont effondrés ? lui est-il demandé.
"Mon héroïne croit au mariage. Elle rêve d'un conte de fées moderne. Elle a été élevée dans l'illusion que l'homme est un sauveur et que le mariage nous transforme en princesse d'un jour..." répond Eliette Abécassis.
Perso, je n'ai jamais voulu me marier avec une belle robe blanche. Ni me marier, tout court. Mais je conçois qu'on puisse kiffer le truc, je suis une fille tolérante. Doit-on pour autant considérer que cela fait forcément de la mariée une petite fille attardée ?
Quel tissu de généralités, du genre "on veut toutes". On y devine ce qu'Eliette Abécassis imagine qu'on est censées vouloir "nous, les filles". Des robes blanches, des maris aussi rock n' roll qu'une paire de charentaises, des enfants bien peignés habillés de pied en cap chez Bonton et d'interminables déjeuners le dimanche chez belle-maman...
Et puis un jour, on s'en va fouiller l'ordinateur (??? Mais quelle horreur !) de son mari et on découvre, ben, ce qu'on y cherchait, en fait.
Et on divorce, donc.
Tu parles d'un "quoi de neuf" ai-je conclu, retournant lire un vieux billet que j'avais consacré au précédent ouvrage d'Eliette Abécassis, qui évoquait la vie des Rykiel mère et fille.
Mon lectorat s'étant depuis tout de même pas mal renouvelé, je vous le recolle, tiens, mon vieux billet. Après tout c'est l'été et se profile une nouvelle rentrée dite littéraire. Et comme Eliette, je décide que j'ai bien le droit moi aussi de céder à la facilité.
* La magnifique photo ci-dessus est de Frédéric Chiche *
Mère et fille, tout un roman
(billet publié le 2 septembre 2008)

Sonia et Nathalie Rykiel.
Héroïnes d'un vrai/faux roman ? Elles en ont certes l'étoffe.
C'est ce qu'a perçu Eliette Abécassis, qui les a regardées (et écoutées) travailler et vivre. Et en a fait un livre. Un roman, donc, annonce le titre : Mère et fille, un roman.
Ou comment, partant d'un excellent sujet, écrire un bien mauvais livre.
La mère. La fille.
La fille. La mère.
La mère et la fille.
La mère, la fille. Et, soudain, au bout de 40 pages, Nathalie, puis Sonia.
N'est pas Marguerite Duras qui veut.
Je n'ai pas été déçue par ce livre, que j'ai fait l'effort de lire jusqu'à la dernière page. Je n'attendais pas grand-chose d'autre que ce que j'y ai trouvé, hélas. Rien appris sur les deux Rykiel, pour avoir déjà lu la biographie publiée il y a quelques années par Carmen Castillo et Evelyne Pisier et L'envers à l'Endroit, écrit - et tellement mieux ! - par Sonia Rykiel elle-même.
Qu'en ont-elles donc pensé, les deux héroïnes, de cet ouvrage qu'elles ont paraît-il lu avant publication, sans, ou presque, rien trouver à y changer ? Un sujet singulier et un verbe au pluriel, soit passe encore, même si un bon correcteur orthographique devrait permettre d'éviter ce genre de bévue. Un malheureux croire dans croisé au détour d'une phrase, voilà qui est pour le moins disgracieux : je crois encore, pour ma part, en la langue française. Et aussi en la concordance des temps, sans doute une déformation professionnelle. Je ne parviens pas à y voir un effet de style.
Qu'ont-elles bien pu en penser, donc, Sonia et Nathalie ? Se sont-elles dit avec une pointe de cynisme qu'après tout, qu'importe, puisqu'une fois de plus on parle d'elles, encore et toujours érigées en figures de proue de la mode à Paris ?
Ont-elles préféré n'émettre aucun jugement sur la "qualité" littéraire de la chose, sachant trop bien qu'il aurait en réalité fallu tout reprendre ?

Aucun intérêt sur la forme et bien peu sur le fond. Quelques idées reçues sur la pseudo-toute-puissance de la figure maternelle, une relecture sommaire et hâtive de la Psychanalyse des contes de fées de Bettelheim. Des postulats balancés de manière péremptoire. Dans une interview accordée à ELLE il y a deux semaines, Eliette Abécassis semble croire en l'universalité de son modèle. Je ne reconnais pas ma mère en cette mère-là, je ne me reconnais pas dans ce livre en tant que mère, ni en tant que fille, je n'y retrouve pas ma fille non plus.
Pas plus que je ne m'y reconnais dans mon rapport à la mode et au vêtement, plus généralement. Qu'on en juge avec cette typologie simpliste, exposée p 78-79 :


Et puis il y a ces insupportables phrases toutes faites dignes de propos de café du Commerce...
P 51 : La mort des parents est quelque chose de naturel, c'est celle des enfants qui ne l'est pas.
P 77 : A travers la façon dont on s'habille, on dit tellement de choses sur soi.
Tant de clichés alignés, tant de portes ouvertes enfoncées : ton accordéon me fatigue, Eliette.
Vite écrit, vite lu, vite oublié, voici un pur produit de rentrée littéraire. Rentrée, assurément. Littéraire, c'est à voir.
PS1 : sur la pratique de plus en plus répandue consistant à présenter en bandeau le joli minois de l'auteur d'un ouvrage, je m'étais déjà exprimée ici.
PS2 : sur l'invasion de la sphère culturo-médiatico-politique par les filles (et fis) de, je me suis également exprimée là, même si le cas des Rykiel me semble très particulier, en ceci qu'il me rappelle un peu les enseignes "Père et fils" de jadis...
PS3 : concernant Eliette Abécassis, j'avais apprécié qu'elle s'exprime quelque peu à contrecourant de la saoûlante et omniprésente glorification maternelle lors de la sortie de "Un heureux Evénement", l'un de ses précédents ouvrages, guère meilleur sur la forme mais davantage intéressant sur le fond, quoique caricatural.


21:30 Publié dans C'est que mon avis | Lien permanent | Commentaires (28) | Tags : elle, une affaire conjugale, eliette abécassis, nathalie rykiel, sonia rykiel | del.icio.us |
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Commentaires
Les clichés comme tu le dis... les clichés doivent faire vendre puisque Madame a un éditeur.
N'appréciant pas le copinage récurrent chez ELLE (ce qui ne m'empêche pas d'être abonnée),j'évite volontairement de lire les interviews " spéciales copine ".
Écrit par : stéphanie | vendredi, 13 août 2010
Écrit par : Madame Kévin | vendredi, 13 août 2010
Sa lecture a été si laborieuse, son écriture s'est avérée si plate, que je n'en suis pas revenue (encore maintenant !) ... Il s'est retrouvé à la place bien méritée, à côté du Dan Brown, qui s'avère à peine au dessus ! (je vais me faire lapider là !)...
Pour une agrégée de philo, il est indécent d'aligner autant de lieux communs...
Pour le Trésor du Temple, je ne parlerai pas d'érudition, mais d'un étalage de culture sans subtilité, sans intelligence... Rien à voir avec du Umberto Eco (au passage, pour les amateurs du genre je conseille le Pendule de Foucault).
Comme le fait remarquer Stéphanie concernant l'itw du Elle, je passe également mon chemin devant les speciales "copinage" :) ...
Écrit par : marigaz | vendredi, 13 août 2010
Écrit par : Olympe | vendredi, 13 août 2010
Écrit par : Ours | samedi, 14 août 2010
Perso je suis un peu à l'ancienne puisque je crois au mariage et me suis mariée l'année dernière, mais quelque chose me dit que le projet de vie qui nous a conduit devant Mme le maire n'est pas tout à fait celui auquel Eliette Abecassis pense (pas de princesse en détresse, ni de meringue blanche chez nous). Le mariage aussi évolue...
Écrit par : Miss Nahn | samedi, 14 août 2010
Écrit par : CECILE | samedi, 14 août 2010
Écrit par : emanu124 | samedi, 14 août 2010
Écrit par : Ness | samedi, 14 août 2010
Écrit par : Sunny Side | samedi, 14 août 2010
Oui, je ne l'aime guère :)
Écrit par : Océane | samedi, 14 août 2010
En ce qui me concerne, le mariage n'est pas mon truc ( du tout ! ) et je n'envisage un enfant que parce que mon compagnon en veut un et que cela s'inscrit dans une belle histoire. A part ça, je tiens beaucoup à mon travail et j'ai besoin de réussir, de gagner mon salaire et d'être indépendante : je n'attends pas qu'un chevalier vienne me sauver de ma vie, je la construis, merci. Alors Eliette, euh ... à jamais, hein ?
Écrit par : Isa | samedi, 14 août 2010
Heureusement qu'elle peut compter sur son joli minois et non sur son talent pour vendre ses livres !
ça me fait penser à Christine Orban qui écrit comme un pied, mais qui est fort belle et ...épouse d'un éditeur...!
Quand je pense à ce copinage, ces renvois d'ascenceurs dans le milieu littéraire français , ça me donne le vertige !
En plus, "Abecassine" se fait passer pour une intello et un(e) maître(sse) à penser !
ça m'a bien soulager de lire ton article, merci !
Écrit par : Hannah | samedi, 14 août 2010
Désolée (ça m'apprendra à cracher sur la fine fleur du monde litérraire...)
Écrit par : Hannah | samedi, 14 août 2010
Écrit par : kabotine | samedi, 14 août 2010
Écrit par : M1 | samedi, 14 août 2010
Écrit par : Catherine | samedi, 14 août 2010
Aïe aïe aïe... Je me suis mariée mais n'ai jamais un seul instant que l'homme du couple serait un sauveur puisque je n'étais pas perdue ni sur le point de me noyer! Après tant d'années, je crois plutôt que j'ai été la locomotive de la vie à deux et pas de princesse dans le décor...
J'ai eu 4 filles(mais pas de Dr March chez moi) et y a que la plus jeune, aujourd'hui 20 ans, qui pense se marier un jour en robe blanche et tout le tralala. Avec la tête fonceuse qu'elle a, elle est loin de penser au cheval blanc et au prince charmant. Elle aime les belles robes, les bulles et les fêtes de famille, c'est tout !
Écrit par : Esther | dimanche, 15 août 2010
Pas étonnant qu'il la trompe son gars...
Écrit par : Marie b | dimanche, 15 août 2010
@Madame Kévin : ils sont infidèles avec qui, les maris, hein ? Enfin, pour les 100 % hétéro, ah ah !
@Mariga(z) : agrégée de philo... Ca laisse rêveuse.
@Olympe : elle montre une fois de plus que certaines femmes sont les meilleures ennemies des femmes.
@Ous : est-ce bien raisonnable ? :)
@Miss Nahn : je ne parviens pas à déterminer si elle pense ce qu'elle écrit ou si c'est du prétendu marketing. Auquel cas faut se réveiller, on est un paquet à pas être dans la cible.
@CECILE : comme quoi ! :)
@Manu : colère, c'est pas le mot. Parce que je me marre bien, quand même. Quelle boute-en-train, cette Eliette.
@Ness : j'adore ton comm'. Je m'y retrouve complètement.
@Sunny : moi aussi, c'est ce crédit qui me dérange.
Écrit par : frieda l'écuyère | lundi, 16 août 2010
@Isa : tout pareil que toi ! :)
@Hannah : et il y en a bien qui doivent s'y laisser prendre, c'est ce qui me navre.
@Kabotine : et encore 700 bouquins sur la rentrée. On parle de 30 d'entre eux...
@M1 : je ne lis pas Amélie Nothonb. Mais au moins elle vient pas nous expliquer comment marche le monde.
@Catherine : ce "faute d'aimer me marier"... C'est culte :)
@Esther : pour bien te connaître, j'imagine ce que t'inspire Eliette !
@Marie B : merci pour cette tirade pleine de bon sens ! :)
Écrit par : frieda l'écuyère | lundi, 16 août 2010
Difficile de la comparer à une Amélie Nothomb, espèce de "boulimique" de l'écriture qui "pond" son roman annuel à chaque rentrée littéraire,avec de l'aisance et c'est plus ou moins bien... (j'avais lu l'Hygiène de l'assassin et la métaphysique des tubes, et j'avais plutôt bien aimé).... après tout l'oeuvre de cette demoiselle peut paraître redondant :))
Mais chez E. Abécassis, je perçois ça de façon laborieuse, ce n'est pas une boulimique de l'écriture, elle semble s'intéresser à énormément de choses, sans finalement jamais ne parvenir à en donner l'essence. C'est plat, autant sur la forme, que sur le fond !
Yep ! agreg de Philo et enseignante... ça te laisse songeuse .... :))
Écrit par : mariga(z) | lundi, 16 août 2010
Les agrégés me feront toujours rire (enfin pas tous). Ce ne sont que des enseignants qui se prennent pour des intellectuels de gauche biensûr.., sont abonnés à télèrama, lisent Libé écoute Vincent Delerm, boude son pére et ses délicieuses " Gorgées de biére ...), Bénabar... Oh, des clichés , des opinions comme on dit en philo ?
L'agreg (maîtrise) permet d'enseigner en lycée et de percevoir un meilleur traitement( moins d'heures) que son camarade CAPESien (licence). Maintenant pour enseigner : master pour tous. La réforme qui a fait grinçé des dents.
A noter : Sonia Dubois est agrégée de philo, idem pur Michel Leb (j'ai un doute sur l'orthographe de son nom. Pardon)...
Écrit par : stéphanie | lundi, 16 août 2010
Écrit par : sasa | lundi, 16 août 2010
Je te laisse, j'ai un Pauline Delpech à lire : )
Marigaz @ c'est tout à fait ça, Amélie Nothonb "pond" son roman à chaque rentrée littéraire, c'est un produit de grande consommation.
Écrit par : M1 | lundi, 16 août 2010
Finalement les romans de Nothomb sont à la littérature ce qu'est le beaujolais nouveau au vin !
Écrit par : M1 | mardi, 17 août 2010
Écrit par : Cath | mercredi, 18 août 2010
Chaque couple a son fonctionnement. Qui est elle pour s'imaginer avoir tout compris du conjugal?
Je crains que ce type d'ouvrage renforce la haine qui habite ceux dont la séparation de couple est difficle...
Écrit par : CarrieBlondy | jeudi, 19 août 2010
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