Doucement le matin, pas trop vite non plus l'après-midi

Les années 80 avaient déjà vu le grand retour de l'escarpin classique, pointu juste ce qu'il faut, haut juste ce qu'il faut. Encore ado, j'avais été fascinée par ceux d'une Parisienne chez qui j'avais accompagné une amie qui faisait du baby-sitting : ils étaient orange. Mais orange, vraiment, aussi orange que mon slim en cuir paprika, tiens. Mais pardon, je m'égare.

Quelques années plus tard je me souviens avoir fait un essai (pas en orange, non) mais rien à faire, je n'étais jamais à l'aise avec ce genre de pompes, j'avais fini par lâcher l'affaire et me contenter de les trouver éventuellement cool... mais seulement sur les autres.

Cette saison, jamais je n'ai pu m'imaginer dans une de ces panoplies de "jolie madame" à la Vuitton (en fait de jolie madame, t'as plus vite fait de transformer en dadame tout court, c'est hyper casse-gueule, ce genre de trip, d'ailleurs vous en avez croisé beaucoup dans les rues, vous, de ces spécimen ? Bref).

Mais l'achat d'un slim en cuir 7/8e (il est paprika, il paraît, au fait, je vous ai dit ?) a ouvert, côté paires de pompes, un abîme de perplexité. La longueur 7/8e est exigeante.

Et les escarpins, c'est incontestablement ce qui lui convient le mieux. J'en ai donc acquis des rouges (mais qui ne sont pas au top, finalement, avec mon slim en cuir paprika dont vous ai-je dit qu'il était orange, en fait ?)

J'en ai donc aussi acheté des noirs, classiques juste ce qu'il faut me disant que je pourrais les assortir au mieux avec mon slim paprika qui en fait est orange.

Je crois que je vais laisser repousser mes cheveux, finalement.

Enfin, pas trop mais un peu quand même.

Si, pour mieux me cacher dedans.

Mais c'est pas le sujet.

Le sujet, en ce premier jour de soldes, tourne autour de comment il suffit d'acquérir une pièce pas forcément très chère pour que le dressing en soit repeuplé comme par enchantement.

Comme Anaïk, j'aurais pu titrer Mais qu'est-ce qui m'a pris ?

J'ai rangé ce billet dans la catégorie Fashionneries, mais c'est dans la catégorie Moutonneries, si j'en avais une, que j'aurais pu le placer.

Mais attention, quand je donne dans la moutonnerie, je ne fais pas les choses à moitié. Ce jean, je l'ai acheté EXPRES pour le couper.

Cet automne, je me souciais assez peu de savoir de quoi mon printemps serait fait.

Haaaaan, comme c'est pas bien, quand on a un blog de mode.

Sans déconner ?

Oui, au retour de Hyères, je me suis arrêtée à Paris.

Oui, je suis passée chez Marlies Dekkers.

La tête la première, je suis tombée dedans.

Dans le jacquard.

J'en ai eu, j'en ai usé, du jacquard, au fil des décennies passées. J'en ai même tricoté.

Et puis ça m'avait passé.

Un certain jacquard revival m'y a ramenée. Je pensais que ça avait (re)commencé lors d'une visite dans une boutique suisse, en bonne compagnie. Coup de coeur pour un manteau, mais aussi pour une veste de chez Odd Molly, marque jusqu'ici inconnue de moi et dont le reste de la collection ne m'inspire pas grand-chose (non mais c'est quoi, cette robe à volants rose ?)... Sauf que cette veste, cette veste... J'ai immédiatement décidé de m'inspirer, derrière mes aiguilles.

A la réflexion, Marc Jacobs était passé par là, dès le printemps.

Carbonisé.

Ecrabouillé.

Pulvérisé.

Foulé du pied.

Le défi shopping. Le... quoi ?

J'ai même pas fait les comptes, tellement je sais que pffffffiou, quoi.

Profitant de ce que je m'étais échappée pour une poignée d'heures de ma ville que j'aime pas, je suis retournée chez Minelli.

Mater de la cuissarde chocolat, of course - je vous remets pas le visuel, hein, c'est bon, vous le connaissez, maintenant ?

Allez, si, en tout petit !

Et je n'y ai rien acheté.

Enfin... Quoique si.

Mais en fait non, j'étais simplement en service commandé.

Mais de cela nous reparlerons.

J'ai quand même bien failli demander à les essayer.

D'autant que j'en ai quand même fait trois à la file des Minelli (trois points de vente en bien peu d'espace/temps, dans la bonne ville de Nancy, voilà qui est tout de même surprenant. Ils parviennent donc tous à survivre ? Et pas la queue d'un dans ma ville que j'aime pas. Bref).

Mais vu la hauteur de talon, à quoi bon ?

Il y a trois semaines, dans ELLE, Fonelle avait fait un essai d'anthologie du port au quotidien de la cuissarde Prada, celle qui a l'air d'une botte de pêche (à peine) retravaillée. Cette semaine, c'est Lauren Bastide qui arbitre, dans le numéro sorti vendredi, LA castagne de la saison : pour ou contre le port de la cuissarde ?

Les contre, je crois bien, ont dû abuser sérieusement du surf sur e-Bay... ou ailleurs. Sur leur rétine s'est imprimée ad vitam une image dans ce genre-là.

Ah, c'est sûr, je le concède bien volontiers, il y a là de quoi refroidir les plus vaillantes des ardeurs fashionistiques.

J'en ai vaguement cherché, sur e-Bay, des cuissardes vintage en début de saison. J'ai vite laissé tomber, je pensais Gainsbourg, Bardot et back to the early 70's (Jusques en haut des cuisses elle est bottée, et c'est comme un calice à sa beauté, tout ça, tout ça), tu parles, n'importe laquelle de mes requêtes m'expédiait illico à Pigalle. Monde cruel.

Le défi shopping ?

Mais what's the fuck, j'ai juste envie de dire.

Je ferai un petit bilan une fois septembre venu, mais je suis confiante. Même si les apparences ne semblent pas me donner raison.

"C'est bien plus facile, cette histoire de défi, à vivre dans une ville où les enseignes tentatrices sont absentes. Suis passée devant chez Promod a plusieurs reprises, ça m'a rien fait" ai-je écrit cette semaine à mes comparses abonnées aux 150 euros.

Pas de Minelli dans la ville que j'aime pas. Pas de Zara. Pas de H&M. Pas d'André. Aucune des ces enseignes qui se multiplient et qui font que les artères commerçantes de centre ville ont l'air dupliquées. Pas chez moi, où ça se duplique à coup de Mim et d'Armand Thiery.

Une visite à Strasbourg pour loger une jeune étudiante qui m'est chère allait donc me donner l'occasion d'être tentée de relever lun autre défi, celui de l'improbable quête de l'introuvable. Ou pas. Parce qu'outre le fait de lâcher largement plus que le prix d'une paire de cuissardes Marant pour obtenir la clé d'un 17 m2, encore fallait-il en trouver le temps.